top of page

Le Hezbollah sort ses griffes face à Washington et Riyad

  • Bolson Flex
  • 30 oct. 2017
  • 3 min de lecture

photo

Les nouvelles sanctions américaines contre l'Iran et le Hezbollah votées la semaine dernière par le Congrès américain sous forme de trois lois continuent de susciter des ripostes de la part du parti chiite, confiant de pouvoir vaincre « la guerre économique » en vue.

Les précédentes sanctions de 2015 ont été amendées de manière à élargir la marge de manœuvre de l'administration US en donnant au président américain un pouvoir discrétionnaire dans l'identification des personnes ou instances potentiellement visées. Le Hezbollah International Financing Prevention Act de 2015 avait ciblé les personnes, physiques ou morales, soutenant financièrement le Hezbollah ou facilitant ses transactions, les pays l'appuyant ou couvrant ses activités financières, y compris de blanchiment d'argent, et les médias qui sont en relation contractuelle avec le parti. Le nouveau texte énumère une liste de groupes en lien avec le parti, que le président serait libre d'élargir, en identifiant tous ceux qui, parmi les Libanais ou les non-Libanais, leur seraient liés par « un appui financier, matériel ou technologique significatif ». Le texte ajoute aux agences étatiques qui coopèrent avec le Hezbollah, celles que « le président aura définie(s) comme agissant pour le compte ou au nom du Hezbollah ». Ce pouvoir accordé au président serait le moyen pour l'administration US de mettre en œuvre les sanctions tout « en limitant les dégâts collatéraux » pour le Liban, précisément son secteur bancaire, estime l'économiste Sami Nader. Un subterfuge en faveur du Hezbollah serait donc, cette fois, plus difficile à trouver.

Une autre mesure appelle l'Union européenne à renoncer au distinguo entre branche politique et branche militaire du Hezbollah.

La troisième vient condamner, pour la première fois, l'utilisation par le parti chiite et l'Iran de « boucliers humains ». Certains observateurs y voient le prélude à une offensive militaire à grande échelle contre les antennes iraniennes dans la région, et leurs points d'ancrage dans les populations civiles.

C'est donc en connaissance de cause que le député Nawar Sahili a souligné que le Hezbollah « est une composante du peuple libanais. La guerre économique n'est pas menée contre le Hezbollah, mais vise plus largement à dompter le Liban en l'incitant à renoncer à l'axe de la résistance ». Et d'appeler à mettre en commun les efforts, entre l'« État-le gouvernement-le peuple », formule revisitée du fameux triptyque...

Le durcissement de la position américaine n'est pas étranger à la nouvelle stratégie saoudienne, qui passe entre autres par la modernisation de son image.

Un volet que le député Nawaf Moussawi a visé hier en associant à Israël le projet de mégalopole Neom annoncé il y a quelques jours par le prince héritier Mohammad ben Salmane. « C'est le plus grand projet de normalisation (...) puisque le plus grand bénéficiaire (financier) en sera Israël. Le fils Salmane ne peut rien faire sans l'accord des Israéliens », a estimé M. Moussawi, faisant état de rencontres saoudo-israéliennes en préparation de ce projet. Et de lancer « à la famille Saoud : Nous savons que votre campagne contre nous vise à couvrir votre implication dans un projet de normalisation des relations avec l'ennemi ».

Paradoxalement, le secrétaire général adjoint du Hezbollah, le cheikh Naïm Kassem, a laissé entrevoir la possibilité d'un assainissement des rapports avec Riyad. « Le Hezbollah est prêt à mettre à jour sa relation avec l'Arabie, à condition que celle-ci change de politique dans la région et prenne des décisions indépendantes, sans lien avec personne », a-t-il dit hier soir, dans une interview télévisée, sans faire mention d'Israël ni des États-Unis.

Mais l'Arabie semble déjà sur le chemin d'une diplomatie plus agressive. Le ministre d'État saoudien Thamer el-Sabhane a réagi hier dans un tweet à la nouvelle offensive verbale du Hezbollah, seulement pour déplorer « le silence du gouvernement et du peuple » à son égard. De fait, le ministre Mouïn Merhebi a été le seul à réagir hier aux propos de M. Moussawi.

Inscrivant le projet Neom dans un cadre de modernisation de toute la région, il a estimé que c'est « cette nouvelle stratégie saoudienne qui dérange les Iraniens, porteurs d'une politique de destruction ». Les accusations contre l'Arabie « sont un moyen vil de nuire aux intérêts du Liban », a conclu le ministre Merhebi.

コメント


bottom of page